Mook Mars

Avec ExoMars 2020, l’Europe va tenter de se poser sur Mars avec l’aide de l’agence spatiale russe. © ESA

Les grands défis viennent de la géométrie

Michel Denis, directeur de vol, spécialiste des opérations satellitaires pour l’Agence spatiale européenne (ESA).

Une fois un satellite scientifique lancé par les fusées Ariane ou Véga, le relais est immédiatement pris par le centre des opérations satellitaire de l’ESA (ESOC). Pendant toute la vie de ces sondes, les aiguilleurs de l’espace veillent jour et nuit comme des anges gardiens. L’objectif : réaliser toutes les mesures scientifiques prévues tout en gardant l’engin spatial en vie le plus longtemps possible.

Chaque mission d’exploration a ses spécificités. Quels sont les principaux défis des missions martiennes pour un centre de contrôle tel que l’ESOC ?

Michel Denis : Les grands défis viennent de la géométrie : la distance à la Terre a un impact sur la communication et la distance au Soleil en a sur la gestion de l’énergie. Ce sont là les principales différences avec les missions qui se déroulent en proche banlieue terrestre, car l’on parle de distances à Mars typiquement cent mille fois plus grandes que pour un satellite en orbite terrestre. Cela signifie que l’on reçoit des signaux très faibles et il faut donc avoir sur Terre des réseaux de grandes antennes de 35, voire de 70 mètres de diamètre, d’un type appelé Deep Space. Ce genre de récepteur coûte cher tant à fabriquer qu’à maintenir. Cette spécificité nous amène tout de suite dans un domaine non technique, mais qui fait partie des défis pour l’ESOC. Il nous faut coopérer avec les autres réseaux, dans notre cas américain et russe, qui ont eux aussi des grandes antennes. L’ESA a elle-même trois antennes de 35 mètres séparées environ de 120° de longitude, pour pouvoir accéder aux satellites lointains à toute heure, car la Terre tourne. Il y en a une en Espagne, une en Argentine et une en Australie. Cependant, comme on n’a pas un seul mais plusieurs satellites interplanétaires, ce réseau pourrait être très encombré, ce qui nous amène à collaborer avec la NASA, qui a des antennes de 35 et 70 mètres, et avec les Russes dans le cadre d’ExoMars pour compléter les communications. Dans ce cas-là, il s’agit de grandes antennes de 64 mètres.

L’intégralité de l’interview de Mcihel Denis est à découvrir dans le premier numéro du mook Mars disponible dans toutes les bonnes librairies.

Interview réalisée par Hugues Wenkin

Crédit photographique © ESA